"It has not escaped our notice that the specific pairing we have postulated immediately suggests a possible copying mechanism for the genetic material."
6- La réplication

Il n'a pas échappé à Crick et Watson que le modèle d'ADN qu'ils avaient établi permettait de comprendre comment cette molécule peut se reproduire, comment à partir d'une molécule, on peut facilement en obtenir deux identiques. On peut lire, d'ailleurs, à la fin de leur célèbre article dans Nature :

"It has not escaped our notice that the specific pairing we have postulated immediately suggests a possible copying mechanism for the genetic material."

Voyez-vous à quel mécanisme de copie ils pensaient ? Jetez un coup d'oeil à l'image ci-dessous.

Les protéines
Sur la piste de l'ADN
Les nucléotides
La double hélice
L'ADN dans la cellule

La réplication

Le code génétique

 

On peut facilement séparer les deux brins formant la molécule d'ADN (les liaisons hydrogènes qui les relient sont faciles à défaire). À partir de chacun des deux brins obtenus, on peut reconstituer la molécule entière en y appariant des nucléotides. Les nucléotides ne peuvent s'apparier que s'ils sont complémentaires, A avec T et C avec G. Ce faisant, chacun des deux brins séparés sert en quelque sorte de moule pour reconstituer l'autre brin. Le noyau de la cellule contient en tout temps une grande quantité de nucléotides (des A, T, C et G) pouvant servir à reproduire l'ADN. Comme nous le verrons plus loin, plusieurs enzymes sont aussi nécessaires.

À partir d'une molécule d'ADN et de nucléotides séparés, on obtient deux molécules d'ADN parfaitements identiques. Chacune des deux nouvelles molécules obtenues est formée d'un brin de la molécule d'origine et d'un nouveau brin assemblé à partir des nucléotides ajoutés. C'est ce qu'on a appelé un mode de reproduction semi-conservatif.

Voyez-vous aussi en quoi la structure de l'ADN est particulièrement bien adaptée à cette fonction de reproduction?

Voir : La structure de l'ADN (cliquez sur "Replicate")

Il faudra attendre encore cinq ans avant de pouvoir démontrer expérimentalement ce mode de reproduction. Ce sont les expériences de Matthew Meselson et Franklin Stahl qui confirmeront le modèle semi-conservatif imaginé par Crick et Watson. Meselson et Stahl faisaient se reproduire des bactéries dans un milieu contenant des ions ammonium (NH4+) constitués d'azote 14 (isotope léger) ou d'azote 15 (isotope plus lourd). Les bactéries fabriquent leurs nucléotides à partir de ces ions ammonium et les utilisent pour synthétiser leur ADN.

Expérience de Meselson et Stahl

Voir aussi: Meselson and Stahl (cliquez sur Animation et ensuite sur Narrated)

  • Quelles étaient les trois hypothèses possibles en ce qui concerne la réplication de l'ADN ?
  • Comment Meselson et Stahl ont-ils mis en évidence le modèle semi-conservatif ?

Voir aussi cette animation Flash (tirée du site Bioanim).


L'ADN hélicase et l'ADN polymérase III

Dans la cellule, c'est une enzyme du noyau, l'ADN hélicase, qui sépare l'ADN en deux brins. L'ADN hélicase agit un peu comme la tirette d'une fermeture éclair qui sépare les deux parties de la fermeture.

Les nucléotides qui serviront à reconstituer le brin complémentaire sont présents en grande quantité dans le noyau. La cellule s'en garde toujours une bonne provision. Chacun de ces nucléotides libres contient trois groupements phosphates. Lorsqu'ils sont incorporés dans l'ADN, ils perdent deux phosphates ce qui fournit l'énergie nécessaire à leur liaison.

C'est une autre enzyme du noyau, l'ADN polymérase III qui vient les apparier un à un sur chacun des deux brins séparés. L'ADN polymérase III ne peut relier les nouveaux nucléotides que dans le sens 5' - 3'. La croissance du nouveau brin se fait donc dans la direction 5' - 3'. Le dessin ci-dessous serait plus fidèle à la réalité que le précédent :

La croissance du nouveau brin d'ADN se fait dans le sens 5' - 3'

 

Chez les procaryotes, une seule ADN hélicase sépare l'ADN en un point et progresse ensuite tout le long de l'anneau d'ADN jusqu'à revenir à son point de départ.

Chez les eucaryotes, plusieurs ADN hélicases travaillent simultanément sur un même chromosome. Sur les plus longs chromosomes, on peut avoir plusieurs centaines d'hélicases qui travaillent en même temps chacune à partir d'un point différent d'insertion.

Dans la cellule, l'ADN, après avoir été séparé en deux brins par l'hélicase, se déroule sur une certaine longueur. L'ADN polymérase III assemble alors, au fur et à mesure que la molécule se sépare, le brin complémentaire 5' - 3' (celui qui s'apparie au brin d'origine 3' - 5' ). Lorsqu'une certaine longueur d'ADN a été séparé en deux brins, une autre ADN polymérase commence à assembler, dans le sens contraire, le brin complémentaire de l'autre partie. Pas très clair hein? Regardez plutôt l'illustration ci-dessous:

Les brins nouveaux (en rouge) sont assemblés dans la
direction 5' - 3'.

Sur le brin d'origine 3' - 5' (celui du haut sur cette image), le nouveau brin s'assemble au fur et à mesure que l'ADN est séparé en deux brins.

Sur l'autre brin d'origine, le 5 ' -3' (celui du bas sur l'image), le nouveau brin s'assemble dans la direction contraire de l'autre nouveau (de droite à gauche sur l'image).
Au fur et à mesure que s'ouvre l'ADN, une ADN polymérase assemble dans la direction 5' - 3' un court fragment appelé fragments d'Okazaki. Le brin d'origine 5' - 3' est donc copié petit bout par petit bout (chaque petit bout est un fragment d'Okazaki) par plusieurs ADN polymérases différentes. Les fragments d'Okazaki ont entre 100 et 200 nucléotides de long chez les eucaryotes et entre 1000 et 2000 chez les procaryotes.


Lorsqu'un chromosome est reproduit, il peut se former des centaines de sites de réplication comme celui illustré ci-dessus.

Petit calcul

Chez la bactérie E. coli, la synthèse du nouveau brin d'ADN se fait à une vitesse d'environ 1500 nucléotides à la seconde. Sachant que le chromosome de E. coli contient 4,7 millions de paires de bases, combien faut-il de temps, au minimum, pour reproduire ce chromosome ?

N.B. Chez les procaryotes, il n'y a qu'un seul chromosome et celui-ci est circulaire (l'extrémité 5' est reliée à l'extrémité 3'). La réplication débute en un seul point du chromosome et elle se fait dans les deux directions à la fois (vers la droite à partir de ce point et aussi, en même temps, vers la gauche).

Votre résultat doit être compatible avec le fait qu'une bactérie E.coli peut se reproduire en moins de 30 minutes lorsque les conditions lui sont favorables. Donc, vous avez fait une erreur si vous arrivez à plus de 30 minutes.

 

 

 

 

 

 

L'ADN polymérase III est un complexe enzymatique formé de plusieurs protéines. Explorez la protéine bêta de ce complexe en vous rendant à :
E. coli DNA Polymerase III
Cette unité ressemble à un beigne entourant le brin d'ADN. Voyez comment s'insère la molécule d'ADN dans "le trou du beigne" (partie III, Interaction with DNA ). L'anneau se déplace le long du brin en assemblant les nucléotides complémentaires.

L'ADN polymérase des eucaryotes est différente.

Il existe aussi des polymérases dont la fonction est de corriger les erreurs qui peuvent se produire lors de la réplication. Ces enzymes "vérifient" le travail de l'ADN polymérase III et corrigent toute erreur que celle-ci pourrait faire (l'ADN polymérase III peut parfois se tromper en appariant les nouveaux nucléotides; l'enzyme de correction enlève alors les "mauvais" nucléotides pour les remplacer par les bons).

Voyez aussi ces animations qui illustrent le fonctionnement de l'enzyme:
DNA Polymerase Beta MOVIES


Les amorces

Le dessin ci-dessus n'est pas encore tout à fait fidèle à la réalité. Il manque encore quelque chose, les amorces.

L'ADN polymérase III ne peut fonctionner que si elle se fixe d'abord sur une amorce. Cette amorce est formée d'un court segment d'ARN complémentaire à un segment du brin à copier. L'amorce mesure environ une dizaine de nucléotides. Partout où se forme une amorce, une ADN polymérase peut commencer à assembler des nucléotides.

L'ARN (acide ribonucléique), comme nous le verrons plus loin, est un polymère de ribonucléotides. Le ribonucléotide est identique au désoxyribonucléotide à part le fait que son sucre est un ribose plutôt qu'un désoxyribose (d'où le nom acide ribonucléique).

C'est une autre enzyme, la primase qui sert à assembler ces amorces. Dès qu'une amorce est assemblée, l'ADN polymérase III peut commencer son travail.

À la fin de la synthèse du brin complémentaire, une enzyme, l'ADN polymérase I remplace les ribonucléotides des amorces par des désoxyribonucléotides (les A, T, C et G de l'ADN). Le brin d'ARN que formait l'amorce est donc remplacé par un brin d'ADN.

Une dernière enzyme, l'ADN ligase vient rattacher les uns aux autres tous ces segments (les fragments d'Okazaki et les brins qui ont remplacé les amorces).

C'est plus facile de visualiser toutes ces étapes en regardant cette animation (attention, 10 Mo à télécharger).

 

 

 

RECHERCHE : LA PCR

La PCR est un processus qui permet de multiplier en de nombreux exemplaires (on dit amplifier) un segment d'ADN particulier (la séquence cible). Cette technique permet d'amplifier des segments spécifiques à partir d'infimes échantillons d'ADN (une trace de salive sur un mégot de cigarette, par exemple, peut suffire).

  • Que veulent dire les lettres PCR ?
  • Comment fonctionne un appareil à PCR ?
  • Qu'est-ce qui permet de sélectionner pour amplicication un petit segment bien précis d'ADN ?
  • Dans le processus d'amplification, il faut chauffer l'ADN pour séparer les deux brins (c'est ce qu'on appelle le point de fusion de l'ADN). À quelle température les deux brins se séparent-ils?
Vous pouvez commencer par ces animations :
  • La PCR
  • Présentation de la PCR
  • Voir aussi cette animation (tirée du site Bioanim). Si le fichier ne s'exécute pas correctement (c'est le cas sur mon Firefox; les fichiers Quicktime, c'est vraiment de la *?&***!!), vous pouvez télécharger cette version exécutable.

  • Appareil à PCR


    L'ADN dans la cellule

    © Gilles Bourbonnais / Cégep de Sainte Foy